• Tu n’existes pas et tu n'existeras pas.

    J'avoue que depuis la naissance du Petit Dernier, j'ai plusieurs fois envisagé d'avoir un dernier tout-petit. Je l'ai voulu vraiment.

     

    Et puis...

     

    J'ai donné la vie plusieurs fois. Quand je dis donner la vie, je ne parle pas de la naissance.

    Donner la vie, c'est aider un petit à devenir moins petit et grandir.

    C'est lui apprendre à faire sans vous, à faire seul, à se détacher.

    Donner la vie, c'est donner une partie de sa vie aussi.

     

     

    J'ai adoré les mois d'essais, les annonces de grossesses, les échos quand tout va bien, les recherche de prénoms.

    J'ai tellement aimé les jours où mes enfants l'ont vu pour la première fois, le jour.

    Les échanges de regards, les sourires à pleine gencives, les heures de peau à peau, les jolis pyjamas, les babils, les premiers mots, les passages à la cuillère, les câlins à n'en plus finir, les rires en cascade, les premiers pas, les blagues, les coucou-c'est moi, les fêtes de la crèche, les Noël, les petits bras sur mes épaules, les chasses aux œufs, les bonhommes têtards, les anniversaires, les bisous dans le cou, les tours à vélo sans les petites roulettes, les mamans-je t'aime (plus que le chat), les histoires du soir, les départ en vacances, les fêtes d'école et les danses sur le podium, les récitations, déguisements, les photos de classe moches, les prénoms écrits maladroitement, les phrases qu'on déchiffre ensemble, les sorties à la piscine, les gâteaux faits à quatre mains, les chansons, les cours de théâtre-guitare-natation-badminton-ping-pong-danse-escalade, les chansons de maintenant chantées en pur yaourt, les cadeaux de fêtes des mères, les premiers trajets faits seuls pour aller à l'école, les amoureux, les sorties scolaires qu'on accompagne, les copains qui viennent manger, les discussions politiques, les vernis à ongles, les sorties au théâtre, les journées racontées, les pique-niques, les chaussures neuves, les films vus ensemble...

    Et tout le reste aussi, tout ce qui fait que d'aider un petit à grandir est magique, merveilleux.

    C'est vertigineusement rapide.

     

    Mais il y a aussi les nuits sans nuits, les pleurs inconsolables, les heures passées à déposer les petits à la crèche-l'école-les activités diverses-les anniversaires des copains, les otites, les angines, les rendez-vous chez l'orthophoniste-l'orthodontiste-l'ophtalmologue-le véto-l'ORL-le généraliste-le cardiologue-le garagiste-le podologue, les crises de nononononon, les bagarres, les cris, les chaussettes à ramasser, les couchers tardifs, les crises d'angoisse, les tours aux urgences pédiatriques, les siestes qui empêchent de sortir, les apéros copains pourris par les gamins qui gueulent, les soirées où on n'est plus invités parce que c'est sans les gosses et que la baby-sitter n'est pas dispo, les coups de fil de l'école, les fièvres inexpliquées, les crises de jalousie, les chambres pas rangées, les "t'es vraiment trop nulle comme mère", les soirées parents-prof, les sorties scolaires à la piscine, les poux, les "je n'aime pas les courgettes", le sable dans les yeux, les vomis dans la voiture, les douze heures pour faire 500 kilomètres parce que le tout-petit n'aime pas le siège auto, les vers intestinaux, les heures à bercer un bébé sur l'avant bras, les week-end auxquels on renonce parce que ça n'est pas adapté aux tout-petits, les négociations sans fin pour juste prendre un bain, les livres sur lesquels on s'endort parce qu'on en peut plus, les lessives sans fin, les appareils dentaires, les verrues, les bobos, les tubes d'arnica vidés, les plaquettes de Xanax (que j'ai) avalées, les heures à ranger le salon, les actualités qu'on n'écoute pas, les lunettes perdues, la musique qu'on ne peut pas entendre, les heures à écouter patiemment plusieurs enfants qui ne veulent que occuper le terrain, les heures de colle, les réveils à 6h08 le dimanche parce que "j'ai fini de dormir", les films qu'on ne verra jamais en entier parce que "j'arrive pas à dormir", les verres renversés, les fêtes d'école, les photos scolaires moches, les nœuds dans les cheveux, les "arrête avec ta tablette"...

    Et le reste qui fait aussi que certains jours, on est usés.

     

     

     

    Quasi quinze ans de couches, de siestes à attendre, quasi quinze ans de toute petite enfance et encore quasi quinze ans d'adolescences qui m'attendent.

     

    Mon tout-petit tu n'existeras pas, je n'ai pas envie d'aller encore à une fête d'école dans quasi quinze ans.

    Dans quasi quinze ans, je veux être peinarde dans mon jardin avec un bouquin que je lirais en entier, je veux être partie en week-end avec ton père, avec des copines, avec tes frères et sœurs, je veux être dans une salle de concert ou sur un bateau en plein tour du monde... Mais pas à une fête d'école.

    Je pense que quand le petit dernier fera sa dernière danse sur le podium de la fête d'école, je penserais à toi, peut-être je regretterais de ne pas t'avoir fait... et puis, j'espère que j'irai boire un verre, que je ferais une balade avec tes frères sœurs, qu'on rêvera à un prochain voyage, à une idée jolie, au gâteau qu'on fera le lendemain.

    Je ne veux plus attendre que la sieste soit finie pour pouvoir sortir.

    Je ne veux plus des heures passées à te conduire à la crèche, à organiser mon boulot en fonction de tes rendez-vous chez le pédiatre.

    Je ne veux plus des maladies infantiles, des pleurs, des crises monumentales...

     

    Je veux vivre aussi pour moi, je veux de nouveaux projets, voyager, réaliser des idées folles ou sages... ou juste prendre un apéro tranquillement une fois de temps en temps.

     

    Je suis désolée, mon tout-petit qui n'existera pas, tu ne seras pas.

    Je sais que parfois tu me manqueras. Tu me manques même déjà. Un peu. il m'arrive d'avoir l'impression qu'il me manque un gamin. Alors je compte tes frères et sœurs. Ils sont tous là.

     

     

    Je donnerai ma vie, sans l'ombre d'une hésitation pour chacun de tes frères et sœurs. Moi toi, je ne te donnerais pas la vie.

    Ils ne sont pas toute ma vie et je ne suis pas leur vie non plus.

    Il sont leur vie. Leur vie comme ils en auront envie.

    J'ai essaie de faire au mieux pour qu'elle leur soit jolie, pour qu'ils aient la liberté de choisir leur chemin.

    Leur vie dans ma vie. Pleine.

    Mais je n'ai plus envie de donner la vie.

     

    J'ai aussi envie d'être ma vie.Ma vie avec leur vie. Ma vie sans ta vie.

    Ma vie.

     

     

    (il m'en a fallu du temps pour commencer ce deuil du tout petit dernier, du petit dernier pour la route... Je chemine encore, mais j'avance !)

     

    Love sur vous !

    Love sur les parents d'un gosse "et c'est bien comme ça"

    Love sur les parents de plein de gosses et qui en veulent encore !

    (je suis sur FB et sur IG itou)

    Est-ce une bonne idée d'écrire à l'enfant qu'on aura pas ????

     

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    24 commentaires
  • Ils ont 2 ans et demi, 6 ans et quasi 9 ans.

    Ils jouent. Parfois calmement. Souvent avec rien.

     

    Il fait beau.

    On a mis une bassine dehors.

    Ils font la cuisine avec de la dînette et des herbes.

    Je pose mon bouquin parce que je les entends.

    - Tu prépares les pâtes et moi, je fais un gâteau.

    - Il faut en préparer beaucoup parce qu'ils sont nombreux, les orphelins.

     

    Je ne les entends plus, je les écoute maintenant. J'ai oublié mon bouquin.

    Ils n'ont pas vu que je les écoute, ils sont occupés à la préparation de leur soupe d'herbes et d'eau sale.

     

    Ils trempent les herbes, les ressortent, les mettent dans des casseroles en plastique jaune.

    Chacun a sa tâche.

     

    - Ils ont faim, les orphelins, il faut qu'on leur donne à manger, il faut qu'on s'occupe d'eux.

    Ils jouent.

     

    La benjaminette, se lève, elle va chercher un petit vélo, elle monte dessus.

    Très sérieusement, elle dit :

    - Bon, ben, je vais les chercher à la gare !

     

    Le benjamin, il est plus grand, il lève le nez, il l'a regarde fixement. Il se marre :

    - nan, mais c'est n'importe quoi, là !

    Il ne joue plus.

    J'imagine qu'il va dire qu'elle ne peut pas aller à la gare avec un vélo, autant, ils peuvent faire des soupes qui ravigottent des orphelins, autant, elle ne peut pas aller à la gare en vélo, ça n'est plus jouable !

    Il reprend :

    - Ben non ! Il est trop petit ton vélo, tu ne vas pas pouvoir mettre tous les orphelins dedans, ils sont trop nombreux !

    - Alors, on aurait dit que j'avais une remorque et que je les mettais dedans.

    - Bon, d'accord. On aurait dit.

     

    Elle lève la tête, elle voit que je la regarde, elle sors du jeu, elle sourit, un peu gênée.

     

    Je reprends mon bouquin, je fais semblant de lire.

     

    Ils jouent.

    Avec rien.

    Ils inventent un monde entier avec rien !

     

     

    Avec rien, ils jouent. ils jouent la vie.

    Mieux que dans un bouquin.

     

    Je suis sur FB et sur IG itou !

     

    Est-ce une bonne idée de regarder les enfants jouer ?????

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