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    Ce dont je vais vous parler n’est pas un problème « d’intermittent ».

    C’est notre problème à tous.

    C’est la culture de proximité qui en danger. Les « petits spectacles » qu’on va voir à la fête du quartier, à la bibliothèque.

    Les souvenirs de nos enfants.

    La première marche de l’accès à la culture pour tous.

    (Petite résumé technique : Je vous explique rapidement. Je suis une "petite intermittente", je travaille seule, je créé mes spectacles seule, sans subvention. Je suis salariée en intermittence du spectacle, jusqu'en septembre par une coopérative de production qui me suivait, me soutenait et gérait mon administratif. Comme 4000 autres intermittents, j'ai reçu un courrier de Pôle emploi en pleine pandémie en septembre donc : Pole emploi ne reconnait plus mon employeur. Basta. Au revoir... je n'ai plus de moyens de me salarier et de prétendre à l'intermittence. Je devrais passer par un système de Pole Emploi : le GUSO : les structures pour lesquelles je travaille refuse systématiquement. Je n'ai donc aucune solution.Sans les allocations pole emploi pour lesquelles je cotise et auxquelles je devrais avoir droit, puisque je fais des spectacles, je ne peux pas continuer. Je paie donc le fait d'être une petite intermittente, solitaire. Ce dont nous avons besoin, nous les petits, c'est d'un système qui nous permettent de nous salarier. On ne demande pas d'argent, pas d'aide. Juste pouvoir être salariés et avoir nos droits aux allocations pôle emploi. Fin du résumé technique) 

    Je suis comédienne en intermittence depuis vingt-deux ans.

    Vingt-deux ans, ça n’est pas rien. Cela reflète, il me semble, la qualité de mon travail. L'intermittence est un régime qui implique rigueur et sérieux si on veut pouvoir durer. 

    Je fais des spectacles dits "de proximité". 

    Des petites jauges, des endroits où d'ordinaire, il n'y pas de spectacles. Ce ne sont pas les spectateurs qui viennent à moi, c'est moi qui viens à eux. 

    J'aménage des espaces non adaptés. Je me produits dans des salles de classes, des espaces de motricité, des salles polyvalentes. J’en fais des théâtres éphémères. J’installe un fond de scène, des lumières... 

    Souvent, mes spectacles seront les seuls de l'année qui seront vus par mes spectateurs. 

    Ils sont aussi souvent les premiers que les enfants voient. Cela s'entend quand il s'agit de bébés, mais cela arrive avec des plus grands. Il y a quelques semaines, je jouais un de mes spectacles dans une classe de CE2 à, Tourcoing. Les enfants avaient ri trop fort, applaudi trop fort, eu peur trop fort. A la fin de la séance, l'enseignante a demandé combien d'entre eux avaient déjà vu un spectacle : quatre ont levé la main. Vingt et un enfant de huit ans dans cette classe n'avaient jamais vu de spectacle. J’étais le premier. Pas le dernier, j'espère. Ils savent maintenant que les spectacles, c’est pour eux aussi.

    Je travaille seule.

    Être seule me permet justement de travailler dans des endroits où personne ne va. Des endroits où on ne peut payer une fortune pour accueillir un spectacle. Parce que c’est une réalité économique : il n’y a que mon salaire, mes frais de déplacement à payer. Mon salaire correspond au travail effectué. Pas de quoi être riche un jour. De quoi vivre, tout simplement.

    Comme mon emploi le permet et que je travaille suffisamment, je peux percevoir les allocations Pôle emploi du régime intermittent. Sans ces allocations, ma situation n’est pas vivable économiquement. Je ne suis pas une profiteuse. Le régime existe. Je cotise pour y avoir droit.

    Je suis seule et je cumule tous les postes : machiniste, éclairagiste, scénographe, ouvreuse, maquilleuse, costumière, accessoiriste et enfin : comédienne ! 

    Mais il y a quelque chose que je ne peux pas faire : être administrateur.  

    J'ai essayé plein de systèmes vraiment précaires. J'avais enfin trouvé une solution sécurisante et pratique pour moi il y a une douzaine d'années : Smart/la nouvelle aventure.  

    Je ne suis pas un dossier chez eux. On travaille ensemble. 

    Je fais mon boulot de comédienne. J'ai une fiche de paie pour le travail effectué, ni plus, ni moins. 

    J'ai la sécurité d'avoir un employeur qui gère plusieurs intermittents. J'ai une protection juridique, Smart cotise aux bonnes caisses.

    Mais voilà, Pole emploi ne reconnait plus cet employeur.

    En pleine pandémie, en pleine crise des spectacles. J'ai reçu un courrier laconique, une sentence, aucune autre solution proposée. Cela m’a fait l’effet d’être mise à la porte, licenciée, congédiée. Je n’ai pourtant pas commis d’autres faute que de travailler. C'est un peu facile de casser. Mais construire ?

    On pourrait me dire que le GUSO existe. Ce n'est vraiment adapté. Je travaille pour de minuscules structures. Les gens veulent un devis, un contrat de cession, une facture. Pas devenir mon employeur occasionnel.

    D’après une page trouvée sur le site de votre ministère, j’apprends que je ne peux pas passer par une société de production, par une autre compagnie, par une association qui vendrait mes spectacles et qui me rémunérait. Ce serait du portage salarial. C’est illégal. Je ne pourrais donc plus prétendre aux allocations en intermittence, parce que aucune structure ne pourra accueillir administrativement mes spectacles. 

    Alors que je suis comédienne. 

    Alors que je travaille. 

    Alors que nous cotisons aux bonnes caisses. 

     

    Je ne veux pas être complotiste, mais ne serait-ce pas une manière discrète de se débarrasser de quelques milliers d'intermittents ? 

    Nous sommes seuls et isolés. Il va être aisé de nous faire disparaitre. 

    On ne demande pas d'argent. Pas de subventions. 

    On demande à avoir des structures qui puissent nous salarier légalement. 

    L'intermittence, si elle a le mérite d'exister est aussi un statut précaire. 

    Fragiliser un peu plus les petits que nous sommes va conduire à notre disparition.  

    Si nous disparaissons, c'est la culture de proximité qui disparait. 

    Je ne vais pas, à quarante-six ans et bien que je fasse mon métier de manière militante (aller raconter dans des endroits isolés est un acte militant d'accès à la culture pour tous), je ne vais pas mettre en péril l'équilibre de ma famille. Non, les artistes ne vivent pas uniquement d'amour et d'eau fraiche... Je n'ai pas des revenus mirobolants, perdre les allocations pôle emploi serait invivable. 

     

    Je suis vraiment pessimiste quant aux effets de cette mesure. C'est la culture de proximité qui va disparaitre. 

    Je suis seule. Je suis désemparée.

    Je suis quatre milles. Nous sommes quatre milles, artistes, techniciens laissés seuls, sans solution pour travailler, en pleine crise sanitaire. 

    Nous sommes souvent la première marche qui permet aux gens d'accéder ensuite à une culture plus "prestigieuse". Je montre que tout le monde a droit à la culture. Je la rends accessible et possible. Parce que ce n'est pas forcément facile d'aller voir un spectacle. Il faut s'y sentir autorisé. 

    Voir un spectacle, c'est prendre plaisir, s'interroger, s'émerveiller, penser le monde. Etre dans le monde.  

    Et il y a tout ce qui se joue ensuite : voir un spectacle, c'est avoir accès à la culture collective, qui que l'on soit, peu importe d'où l'on vient.  

    Notre pays s'enorgueillit d'être un fleuron de la grande culture. Mais il n'y a pas de grande culture s'il n'y a pas la première marche qui permet d'avoir accès à tout. 

    (en réalité, je n'aime pas l'idée qu'il y ait une culture supérieure à une autre, cependant, mes spectacles sont des "petites choses" je n'ai pas les moyens de faire du grand. Mais le petit ne devrait pas être méprisés) 

     

    Nous sommes quatre mille pour l'instant à avoir eu un haut le cœur en lisant le courrier de Pole emploi. Nous sommes isolés... Si nous étions rassemblés nous pourrions transformer ce "haut le cœur" en un "hauts les cœurs".

    Mais nous sommes seuls. Il va être aisé de nous faire disparaitre silencieusement. 

    Nous allons être beaucoup plus nombreux parce que d'autres structures comme smart sont dans le collimateur de pôle emploi. 

    Je suis complètement désabusée et un peu désespérée. 

    Non seulement je ne sais pas ce que va être mon avenir. Renoncer à vingt-deux ans de carrière, ce n'est pas si simple et si je suis très adaptable, je ne vois quel métier "utile" je vais pouvoir exercer ? 

    Si nous n'étions pas confinés, j'aurais du travail. J'ai des dates prévues. Comment je fais ? 

    C'est une question administrative, mais c'est aussi bien plus que ça.

     

    Ce n’est pas que mon problème.

    C’est le problème de tous.

    Je suis le spectacle que votre enfant à vu à la crèche, je suis celle qui joue à la fête de quartier.

    Je suis la personne qui fait le spectacle de Noël à la bibliothèque.

    Je raconte pour vos parents dans les EPHAD, je suis le spectacle de rue qui vous aura fait rire.

    Je suis un moment que vous aurez partagé avec votre enfant sur les genoux.

    Je suis tout ces moments de vie simple et accessible.

    Je suis un peu répit dans un quotidien difficile.

    Je suis quatre mille.

    Je suis notre spectacle vivant. 

     

    Ce qui serait rudement chouette, c'est que si vous vous sentez concerné qui vous puissiez envoyer un petit mot à la ministre du travail.

    Vous trouverez deux lettres possible : une "artiste" et une "public"

    Si les liens ne marchent pas, je peux vous les envoyer par mail (dans ce cas, mettez moi un petit message à marion.cailleret@orange.fr )

    L'idée est d'envoyer tous ensemble ce lundi 14 pour faire un mouvement de masse.

    L'idéal est de le faire en courrier recommandé. Mais je sais que ça coûte, je sais que c'est compliqué.

    Même un courrier normal ça sera pas mal.

    (et puis, n'hésitez pas à partager, à relayer... Je vous mets des modèles de lettres à télécharger, à compléter)

    Mme Roselyne BACHELOT,

    Ministre de la Culture

    Ministère de la Culture

    182 rue Saint-Honoré

    75001 PARIS

     

    On peut aussi envoyer à nos élus locaux. Pour écrire un mail à votre député, c'est simple : vous cliquez sur son nom et le mail apparait ! Liste des députés par Département - XVe législature - Assemblée nationale (assemblee-nationale.fr)

     

    Télécharger « Lettre Tout Public à La Ministre.doc »

    Télécharger « Madame La Ministre version autre artiste.doc »

     

    Sinon, je suis sur FB : Profils Marion Cailleret | Facebook 

    Love sur vous !

    (et courage)

    (du coup, vous avez droit à ma trombine, c'est une joie sans cesse renouvelée !)

    Est-ce une bonne idée d'écrire à Roselyne Bachelot, Ministre de la culture ??

     

    Est-ce une bonne idée d'écrire à Roselyne Bachelot, Ministre de la culture ??

     

    Est-ce une bonne idée d'écrire à Roselyne Bachelot, Ministre de la culture ??

     

     

     

    Est-ce une bonne idée d'écrire à Roselyne Bachelot, Ministre de la culture ??

     

     

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    Ma copine Claire et son mari ont deux filles. Une grande de 12 ans et une petite de 7 ans.

    Deux chouettes filles.

    La petite a quelque chose en plus.

    Un chromosome.

    Et ça fait tout un tas d’histoires.

    Oui, Ninon est née avec et contrairement à ce que suppose la MDPH (maison départementale des personnes handicapées), elle l’aura toute sa vie (ah ben oui, parce que tout comme on demande aux personnes qui ont perdu une jambe de renouveler leur dossier tous les deux ans, au cas où elle aurait repoussé, on demande aux parents d’enfants de porteur d’une trisomie sur le chromosome 21 de bien vouloir attester tous les deux ans que ce chromosome ne s’est pas fait la malle entre deux… C’est tellement super de faire un dossier MDPH, d’aller le déposer, d’attendre des mois les décisions qui seront prises en moins de 7 minutes dans un bureau et dont va dépendre la vie de ton gamin et la tienne pendant 2 ans)

     

    Poser la question de savoir ce qu’ils auraient fait s’ils l’avaient su avant est simplement, abjecte, immonde et complètement naze… Cette question ne se pose pas, parce qu’elle ne se pose pas, dans tous les sens du terme.

     

    Ninon est drôle, charmante, vive. Elle va à l’école. Elle va chez l’orthophoniste, chez la pédiatre, chez la psychomotricienne, chez l’orl, chez l’ophtalmo, et même chez un psychologue en suivi de fratrie avec sa sœur.

    Et ça prend du temps et ils le prennent, le temps.

     

    On entend souvent : « En tous cas, les petits trisomiques, ils sont hyper affectueux » Alors, que les choses soient claires : tous les gens porteurs d’un syndrome de Down (et ouais, y’a un nom scientifique ! Et Nan, on ne dit pas mongolien… en revanche, on dit « complétement con » pour les gens qui emploient ce terme). Bref, les gens porteurs d’un syndrome de Down ne sont pas tous pareils. Ils sont comme tous les gens… tous différents. Parce que non, la trisomie sur le chromosome 21 n’annihile pas la personnalité.

    Quand on est atteint d’un syndrome de Down, on est handicapé, c’est vrai.

     

    Il ne faut pas le nier. Y’a des choses plus compliquées, plus difficiles et c’est un réel combat pour les parents… Pas contre l’enfant mais pour lui, pour eux et pour nous tous, je crois.

    C’est une lutte contre les institutions qui sont faites, pensées pour les gens qui ont tout ce qu’il faut là où il faut, ni plus, ni moins, ni de travers, ni en biais.

    Une lutte contre la malveillance ordinaire mais aussi parfois contre la bien-pensance jugeante.

    Une lutte contre certains médecins pleins d’a priori.

    Une lutte contre des regards, des paroles et il vaut parfois faire la sourde oreille ou se mettre des œillères.

     

    Mais, ils avancent. Elle avance. Parce que c’est une petite fille formidable. Elle a juste un chromosome en plus. Elle est différente, comme nous tous.

     

    Et connaître ma copine Claire et ses deux filles, ben vous savez quoi ? Ça rend un peu moins con.

     

    Ce 21 mars est la journée mondiale de la trisomie 21, la bonne occasion de faire un pas de côté, la bonne occasion d’être un peu plus humain.

     

    Pour soutenir le droit de chacun d’être différent on peut faire un truc simple. Le 21 mars, on met deux chaussettes différentes. On prend en photos ses arpions et on poste la photo sur les réseaux sociaux. Pour dire que les gens porteurs de trisomie, sont différents, comme nous tous !

     

    Allez, Love sur vous, Love sur elle !

     

     Je suis sur FB et sur IG itou !

     

    Est-ce une bonne idée de parler de chromosome en plus ???

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    La nuit commence à tomber.

     

    Nous sommes entre chiens et loups, l’heure étrange où tout peut arriver.

     

    On n’aime pas toujours cette heure.

    Cette heure qui est « entre-deux », entre la journée et le soir.

    C’est l’heure où les bébés braillent sans pouvoir être consolés, l’heure des devoirs qu’on n’a pas envie de faire.

     

    L’heure des fins de journée déjà trop longues. L’heure où on voudrait que ça soit déjà la soirée, qu’on puisse avoir la paix, passer à autre chose…

     

    Mais voilà, il est cette heure là, un peu étrange.

     

     

    Je suis à vélo avec le petit dernier.

     

    On passe juste à côté d’une bande d’ado.

     

     

    Cet âge juste entre deux. Entre l’enfant et l’adulte.

     

    On ne l'aime pas toujours, cet âge.

    L’âge où on doit savoir ce qu’on veut faire plus tard, quand on aura plus du tout cet âge-là et où on n’aura certainement plus les mêmes envies, les mêmes projets. Mais il faut savoir pour plus tard.

     

    L’âge où on fait peur aux vieilles dames et où les vieux messieurs trouvent qu’on est vraiment pas polis, parce qu’on a dit « bonjour » en entrant dans la boulangerie et que de son temps à lui, on disait « Bonjour mesdames, bonjour messieurs »… et que vraiment, y’a plus de respect !

     

    Nous dépassions donc une bande d’ado bruyante et joyeuse comme des ados.

     

    En mode « wesh-wesh » (canne à pêche)/Yo, Yo ! (sac à dos)

     

    Rebelles comme des adolescents. Le verbe haut et les mots qui claquent.

     

    Ils sont sur le trottoir. Ils se marrent. Trop fort.

     

    Ils veulent traverser. Wesh-wesh canne à pêche.

     

    Ils s’arrêtent au passage piéton YoYo sac à dos.

     

    J’appuie sur les freins de mon vélo, je m’arrête. Ils passent.

     

    Enfin… presque.

     

    Ils s’arrêtent.

     

    Juste à temps.

     

    Une voiture avec une dame bien comme il faut vient de leur tailler un short, elle a bien failli leur allonger les pieds d’au-moins 4 tailles.

     

    Avec sa belle voiture, elle ne s’est pas arrêtée au passage piéton. Elle a certainement mieux à faire.

     

    Les ado m’ont regardée. Je les ai regardés.

     

    Ils ont eu peur. Moi aussi.

    Ça leur a coupé la parole. Plus de weshwesh, plus de yo ! yo !

     

    Ils sont restés là, arrêtés sur le passage piéton.

     

    - Euh… En vrai, elle a failli nous écraser, la dame.

     

    - Oui, j’ai dit. et en plus, comme vous êtes sur le passage piétons, vous aviez priorité.

     

    - Haaaaaaaaaan… Mais elle nous a manqué de respect, là !

     

    - C’est vrai. Elle vous a vraiment vraiment manqué de respect.

     

    - J’avoue. Wesh, je suis dégouté. Le respect, c’est important.

     

     

     

    C’est vrai gamin. Le respect, c’est important.

     

    Cette dame, bien comme il faut, respectable comme on dit, vous avait bien vus. Mais elle n’en avait rien ciré… Vous n’êtes que des ado, cet âge qui n’existe pas vraiment et qui ne ressemble à rien. Cet âge qu’on ne respecte pas toujours…

    Et juste comme ça, si on veut être respecté, il faut respecter.

     

     

    Alors voilà. Y’a des ado wesh-wesh (canne à pêche)/yoyo (sac à dos) qui ont rudement plus de valeurs et de respect que de prétendues bonnes dames…

     

    Et ma foi, je pense que c’est une bonne nouvelle.

     

     

    Allez : Yoyo Sac à dos, wesh wesh, canne à pêche !

     

     

    (et sinon, vendredi mes ado ont pris sur leur temps pour faire des banderoles, elles ont lu des articles, se sont documentées… La lycéenne n’a pas séché les cours, non elle est allée manifester deux heures et elle a récupéré ses cours ensuite. Elle est même retournée au lycée pour la dernière heure parce que la manif était finie. Et je trouve ça rudement respectable)

     

    Allez, Love sur vous.

    Je suis sur FB et sur instagram (plus souvent que sur FB, c'est vrai !)

     

    Est-ce une bonne idée de parler de respect ???

     

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    Le mercredi, il y a poney. Il y a orthodontie. Il y a devoirs. Il y a kiné. Il y a jeux dans le jardin. Il y a tennis. Il y a guitare. Il y a conseil des jeunes… Selon les âges des uns et des autres.

     

    C’est un jour plutôt bien, pour les enfants.

     

    Un jour où ils ont le temps d’être autre chose que des élèves.

     

    A l’école, ils doivent autant que faire se peut, avoir une attitude scolaire.

     

    Même si les enseignants donnent le meilleur d’eux-mêmes pour rendre ludiques les mathématiques, pour que l’allemand soit épatant, qu’on puisse se marrer en français…

     

    A l’école, on est un enfant. A l’école on est aussi un élève.

     

     

     

    Le mercredi, ils apprennent autrement.

     

    Ils sont en petits groupes. Ils ont un rapport presque amical avec les animateurs qui ont bien compris que les activités extra-scolaires ne le sont pas… scolaires.

     

     

     

     

    Elles sont quatre.

     

    Une toute grande-grande, sèche. La cheffe de troupe-maman.

     

    Une moyenne-grande. L’aînée. Huit ans tout au plus.

     

    Une moyenne-moyenne. La cadette. Six ans… et encore, sur la pointe des pieds.

     

    Et la petite-petite. La dernière. Trois ans toute mouillée.

     

     

     

    Séance d’essai pour une toute petite qui ne veut pas essayer.

     

    Avant de rentrer sur le court, elle braillait déjà.

     

    Mais elle avait dit qu’elle voulait essayer.

     

    Il y a deux heures.

     

     

     

    Quand c’est décidé, c’est décidé.

     

    Y’a pas à chouiner.

     

     

     

    L’entraineur est bien embêté avec la petite-petite qui se répand en flaques.

     

    Il tente une approche de la grande-grande :

     

    - vous savez, ce n’est peut-être pas le bon moment. On peut essayer. Mais si on insiste trop, elle risque de ne plus jamais vouloir jouer au tennis.

     

    - Elle va jouer. Elle a décidé. C’est elle qui avait envie.

     

     

     

    Alors, elle a poussé la petite-petite vers le court.

     

    - Tu as voulu venir, maintenant, vas-y. Il faut que tu assumes ma fille.

     

     

     

    L’entraineur propose :

     

    - Peut-être que si la moyenne-grande ou si la moyenne-moyenne veut bien venir jouer avec elle, ça sera plus facile.

     

     

     

    Toutes les deux, elles sont d’accord.

     

    Elles s’accroupissent, se mettent à la hauteur de la petite-petite, tendent une balle, la font rebondir :

     

    - Regarde ! C’est rigolo.

     

     

     

    La grande-grande a fermé la porte qui a claqué.

     

    Elle regarde ses trois filles en soupirant derrière la vitre.

     

    Et la petite braille encore plus fort. Elle vire au rouge tomate.

     

    Et les enfants du cours essaient de l’ignorer.

     

     

     

    L’aînée sort du court en soupirant.

     

    - Elle est vraiment pénible.

     

    La grande-grande rentre. Elle articule bien, elle est très ferme. Elle a de l’autorité. Elle veut que tout le monde sache qu’elle ne cède pas devant une petite-petite de trois ans qui fait une crise, un gros caprice.

     

    - Bon. Maintenant ça suffit ! Tu n’es plus un bébé. Tu es grande ! Tu as fait un choix, il faut que tu assumes.

     

    La petite-petite hurle aussi :

     

    - Maaaaamaaaaaaaaan… Resteeeeeeee… Maaaaaaaamaaaaaan.

     

    - je ne m’en vais pas, je te regarde derrière la fenêtre.

     

    Si la phrase avait été dite avec douceur, ça aurait rassurant… Mais la petite-petite comprend bien qu’elle est surveillée derrière la vitre et qu'elle doit jouer au tennis.

     

     

     

    La maman demande à la grande d’y retourner.

     

    Elle prend le même ton sec que sa mère :

     

    - Naaan, mais vraiment, elle est pénible.

     

    - Tu ne discutes pas. Tu y vas.

     

     

     

    La grande-grande regarde ses deux aînées tenter de se dépatouiller avec la petite-petite qui transforme le court en pataugeoire.

     

     

     

    Dans le club house, plus personne n’ose parler. On n’ose à peine respirer. On se dit que si on bouge, on va être punis.

     

     

     

    Alors, la grande-moyenne sort à nouveau.

     

    - Nan, mais moi, je n’en peux plus. Ça va être comme ça toutes les semaines au tennis ?

     

    (et tous les parents du club house ont eu la même pensée : Naaaaaaaaaan… )

     

    - En tous cas, c’est clair, la semaine prochaine, c’est ton père qui va l’accompagner.

     

    - Tu as raison maman, avec lui ça va être bien différent. Lui, il a de l’autorité.

     

    (dans le club house, la température a baissé de 8 degrés. Le père. Pire)

     

    Alors enfin, la grande-grande est entrée dans le court. Elle a attrapé sa fille. Elle a dit :

     

    - Puisque c’est ça, on s’en va.

     

    Et la petite-petite, tiraillée entre sa grande peur et l’envie de faire plaisir à sa mère a hoqueté :

     

    - Je veux rester.

     

    - Pfffff… Certainement pas.

     

     

     

    - Tu as gâché 45 min de mon après-midi. On s’en va !

     

    Elle a ajouté pour l’entraineur : Elle ne fait jamais ça, d’habitude, elle est assez souple. Je crois qu’elle veut affirmer son caractère et si je la laisse faire, c’est elle qui va tout diriger.

     

    - Mouiiii, a dit l’entraineur. Ce n’était peut-être simplement pas le bon moment.

     

    La grand-grande n’a pas entendu.

     

    Dans le club house, on a tous pensé que ce n’était effectivement pas un bon moment.

     

     

     

    Elle est sortie, la petite-petite rouge tomate sous le bras et hurlant toujours, les deux grandes ronchonnant.

     

    Dans le club house, les parents qui étaient restés ont repris leur respiration, on a recommencé à se dire des bêtises et à rigoler…

     

     

     

    Je ne veux pas juger cette maman. On fait ce qu’on peut et parfois on peut peu.

     

    Et puis, je ne sais pas ce qui s’est passé avant. Je ne sais pas si elle a appris une mauvaise nouvelle juste avant… je ne sais pas.

     

    Et surtout, je peux aussi ne pas être terrible comme mère et comme personne tout court, d’ailleurs. J’ai aussi des principes parfois un peu rigides.

     

    Mais elle a réussi à pétrifier six adultes qui attendaient que leurs gosses aient finis de faire les andouilles dans le cours de tennis. Elle a perturbé tout le cours, en fait.

     

    Je le sais, parce que j’ai papoté avec l’entraineur.

     

    C’était la première fois que je restais et j’ai regardé le petit dernier.

     

    Il fait n’importe quoi. Il rigole beaucoup. Mais il prend sa raquette à l’envers, il gambade, il shoote dans les balles, il saute sur un pied, quand le seau de balles est vide, il l’enfile comme un casque et il crie « je ne vois plus rien ». Il ne perturbe pas le cours, il fait la queue comme tout le monde pour frapper la balle qu’il regarde passer à côté de lui. Il la ramasse, la range. En rigolant.

     

    L’entraineur a dit : Il s’amuse ! C’est bien… et mine de rien, en jouant, il apprend des choses en coordination. Et puis, à vrai dire, d’habitude, il fait les exercices un peu mieux, là vue la situation aujourd’hui, aucun des enfants n’a fait « comme d’habitude ».

     

     

     

    Peut-être que le petit dernier, par compassion a tout fait sauf du tennis, pour montrer que ça n’est pas très grave et que personne ne hurle parce qu’il s’amuse plus qu’il ne joue au tennis.

     

    Parce qu’il a quatre ans.

     

    A quatre ans, on est petit.

     

    A quatre ans, on apprend.

     

    A quatre ans, on a le droit de se tromper.

     

    A quatre ans, on n’a pas grand chose à assumer.

     

     

    Allez, love sur vous.

    Je suis sur FB et sur Instagram (presque tous les jours, en fait)

     

    Est-ce une bonne idée que ça soit une grande fille ???

     

     

     

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  • Le mardi midi, chez nous, c'est la course :

    travailler le matin en ayant fait le marché avant. Midi : récupérer les gamins à l'école, 12h15, déposer la benjaminette chez l'orthophoniste, passer à la maison pour que le benjamin ait le temps de manger (oui, avec un TDAH, manger n'est pas toujours simple), récupérer la benjaminette, rentrer, faire manger tout le monde, tâcher de manger aussi et repartir à 13h15 pour être à 13h30 à l'école parce que la benjaminette a APC.

    Le mardi, c'est la course.

    Je mets l'assistance électrique du vélo et je roule.

     

    Sur le chemin de l'école, il y a une grande montée.

    De loin, je l'ai vue.

    Une dame qui roulait tout doucement.

    Elle est rude, la pente.

    Elle était en plein milieu, elle prenait le plus de place possible et comme elle peinait, elle ne roulait pas droit.

    Avec l'assistance, on ne peut pas dire que je peine vraiment.

    J'appuie un peu plus fort sur les pédales en montée et ça roule.

    Je me suis approchée, j'ai ralenti, j'ai bien jaugé les ondulations de son vélo. Droite-gauche-droite-gauche...

    Comme elle se dirigeait vers la droite, j'en ai profité, hop, je suis passée sur sa gauche et roule ma poule, on ne sera peut-être pas en retard à l'école.

    Elle avait un fichu sur la tête, noué sous le menton. Une vieille dame.

     

    Quand je l'ai dépassée, je l'ai entendu dire très distinctement et bien fort à mon encontre :

    - Pfffff... Encore une migrante !

     

    Les gamins, dans mon vélo ont demandé :

    - Elle a dit quoi, la dame ?

    - "encore une migrante"

    - Pourquoi elle a dit ça ?

     

    Alors, là j'avoue que j'ai dû réfléchir un peu. Beaucoup en fait.

     

     

    Il est vrai que je suis née à dans une autre ville. A six kilomètres à vol d'oiseau. Mais une autre ville.

    Est-ce que cette dame a reconnu que je n'étais pas native de cette petite ville ? (d'ailleurs, ils doivent se comptaient sur les doigts de la mains, les natifs de cette ville).

    Serais-je donc étrangère à cette ville qui est la mienne depuis 12 ans maintenant ?

    Ville dans laquelle une partie de mes enfants sont scolarisés, ville où j'habite.

     

     

    Cela me semblait absurde, alors j'ai réfléchi encore.

    Qu'est-ce que cette dame avait voulu dire par son agressif "encore une migrante" ?

    (Tu ne m'en voudras pas Madame, mais afin de te comprendre, je vais te tutoyer. Cela va créer une forme de proximité entre nous)

    Je ne t'ai rien fait, madame. Je ne t'ai même pas frôlée.

    Je t'ai peut-être fait peur parce que tu ne m'as pas vue arriver.

    Et tu ne trouves rien d'autre à dire que "Encore une migrante !"

    Tu avais l'air de tenir là, par ton "encore une migrante" une forme d'insulte ultime.

     

    Tu as peut-être imaginé dans les rouages rouillés de ton cerveau bien à l'abri de ton fichu que j'étais une réfugiée.

    Une réfugiée venue manger ton bon pain bien français.

    C'est moche, mais je crois bien que c'est cela qu'il y avait sous ton sale fichu.

    Une réfugiée qui aura certainement dû fuir sa maison, son pays, sa famille, sa vie, qui a traversé le pire pour espérer survivre et avoir les miettes rassies d'un pain plus très frais.

    Mais toi, madame, sous ton fichu bien abject, les miettes tu préfères très certainement les balancer aux rats plutôt qu'à d'autres humains.

     

    Et pourtant Madame, je t'ai regardée dans mon rétroviseur. Si tu n'as pas l'âge de ceux qui ont connu la guerre, tu n'en es pas loin. On a dû te la raconter encore et encore cette guerre.

    J'aurais pensé qu'il t'en serait resté un soupçon d'empathie, d'humanité.

     

    Sur ton vélo avec ton pantalon venu de Chine, ton pull made in Bangladesh, ton fichu venu directement du Pakistan, tu n'es plus que haine.

    Tu tanguais bien à l'extrême droite en montant cette côte un peu difficile.

    Ton fichu ne te sert très certainement qu'à te faire des œillères qui t'empêchent de voir ce qui reste d'humanité dans ce bas monde. Ton fichu comprime ton cerveau. Quand les idées macèrent, elles finissent par sentir mauvais.

     

    Allez, je vais arrêter de te tutoyer, Madame. Je vais mettre la distance nécessaire et convenable entre vous, vos idées nauséabondes et mes convictions.

     

    J'expliquerais ce soir à mes enfants tout ce qu'il y a d'immonde derrière les mots que vous m'avez balancé tout à l'heure.

     

    Migrant n'est pas une insulte et vous, Madame, vous m'avez fait honte.

    J'ai eu honte d'être aussi française que vous.

     

     

    Love sur vous.

    Je suis sur FB et sur IG

     

    (ah oui ! Je vire tous les com qui ressemblent de près ou de loin à du racisme. En cas d'insulte ou de menaces, je porte plainte. Bisous)

     

     

    Est-ce une bonne idée de doubler une dame à vélo ??

     

     

     

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    6 commentaires


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