• L'aînée et la cadette passent le week-end à Paris, avec leur grand-mère et leur tante.

    Elles vont voir un concert et écouter une expo (ou le contraire)

     

    Rien d'extraordinaire.

    Sauf que nous sommes le 20 novembre 2015.

    Une semaine tout pile après le 13.

     

    Alors forcément, on a hésité, on a réfléchi, on a discuté.

    On a pesé le pour et le contre.

     

    Nous avons finalement décidé, avec elles, qu'elles iraient.

    Oui, mais le terrorisme ?

    Nous l'avons ajouté à la liste des trucs moches qui peuvent arriver.

    La liste des façons de mourir.

     

    Accident de la route

    Maladie

    Accident domestique

    Suicide

    Empoisonnement

    Accident de train/avion...

    Pas de chance

    Psychopate

    Catastrophe naturelle

    Catastrophe pas naturelle

    Terrorisme.

     

    La liste peut-être bien longue.

    Alors, nous avons décidé de faire une seconde liste.

    La liste des trucs bien à vivre.

     

    Regarder un coucher de soleil

    Chanter fort et faux une chanson débile

    Souffler sur un pissenlit

    Jouer "Highway to Hell" à la guitare, à 10 ans, avec ses copines

    Faire un crumble avec les pommes du jardin

    Se dire qu'il neige à la Chaumette et que ça doit être beau

    Retrouver dans le fond du tiroir à chaussettes, la seconde boucle d'oreille perdue il y a un moment (mais comment est-elle arrivée là ?)

    Faire un concours de blagues de Toto (même si personnellement, je pense que ça peut être une cause de mort, tellement je hais les blagues de toto)

    Penser à quelqu'un et voir son nom s'afficher sur notre téléphone au même moment

    Ouvrir un bouquin, le lire et le refermer en se disant "waouh !"

    Faire une belle photo

    Éclater de rire

    L'été, s'allonger dans l'herbe, le soir et regarder les étoiles filantes

    Pleurer à gros bouillons quand on en a besoin

    Revoir des vieux copains

    Aller à la piscine

    Faire des crêpes un soir de semaine, sans raison particulière

    Recevoir une vraie lettre

    Ne rien faire

    Se réveiller juste une minute avant que le réveil ne sonne

    Goûter les premières fraises au printemps

    Boire un peu de vin avec un bout de fromage

    Sentir les plis du cou d'un bébé

    Aimer

    Juste se sentir en vie

    ...

    ...

    ...

    Je préfère, envers et contre tout continuer cette liste que la première.

     

    Alors oui, nous avons décidé ensemble que l'aînée et la cadette iraient à Paris ce week-end.

    J'ai un peu peur, c'est vrai. je ne vais pas vous mentir.

    Je me suis posée la question de savoir si je ne les menais pas tout droit dans la gueule du loup.

    J'ai reregardé ma première liste.

    Je me suis dit que la vie était pleine de dangers et qu'il y en avait un de plus.

    J'ai reregardé ma seconde liste.

    Je me suis dit qu'il y avait plein de belles choses à vivre et que la liste des petits bonheurs pouvait encore, encore, encore s'étendre...

     

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    Est-ce une bonne idée que mes filles aillent à Paris ce week-end ???

     

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  • J'habite dans le Nord. Vous savez, là où ça caille sa mère.

    Là où il y a presque le cercle polaire.

    Là où les gens sont censés avoir dans le cœur le soleil qu'il n'ont pas ailleurs. Ils ne sont pas toujours sensés.

    Je pourrais habiter ailleurs, ça ne changerait pas grand chose.

     

    Comme j'aime ma région, je lis la presse régionale sur les réseaux sociaux. Enfin, à vrai dire, je lis plutôt les commentaires.

    Pas toujours.

    Je ne les lis que quand je suis de trop bonne humeur, que quand on aperçoit un peu le soleil entre les nuages.

    Parce que les commentaires, comment dire...

    Spécialement sur un type d'article : les "migrants", ça vous vide le cœur de tout sentiment de compassion. Ça vous glace. Ça vous renvoie directement en hiver sans passer par la case "été".

    Un gamin de 17 ans meurt dans un camion, écrasé par des palettes.

    On lit : "un de moins" "bien fait pour sa gueule" "Oh le pauvre chauffeur, comment il a dû être choqué, c'est vraiment égoïste de ma part des migrants"

    (je vous jure que je lis des choses comme ça. Non, en fait, je vous mens. Je vous jure que je lis des trucs comme ça, mais avec beaucoup plus de fautes, des fautes que j'avais même pas imaginées dans mes pires cauchemars et pourtant, je suis moi-même assez créative en terme d'orthographe et de syntaxe, mais, c'est de l'art... ou pas)

     

    On lit "faut les crever" "c'est de la vermine"...

     

    C'est à vomir. De l'inhumanité brute.

     

     

    Et voilà qu'hier, pendant les assauts du RAID, un chien est mort.

    C'est bien triste.

    C'était un chien bien.

    Un chien.

    Et j'ai lu des kilomètres de commentaires plus tristes les uns que les autres :

    "RIP le chien, tu étais quelqu'un de bien"

    "Pauvre bête, c'est tellement triste"

    "Condoléances, Diesel"

    Présenter ses condoléances à un chien, c'est déjà con... Mais à un chien mort. Que dire ?

    (autant le chien a un nom, autant les "migrants" n'en n'ont pas)

     

    Alors oui, c'est triste.

    Mais bon... Je soupçonne vaguement que ceux qui sont très tristes pour un chien soient les mêmes qui veulent crever des hommes, des gamins.

    J'avoue que ce sursaut d'humanité canine me terrifie encore plus.

     

     

    Et j'ai mal à mon Nord.

    On dit que les gens du Nord sont accueillants.

    Pardon mais pardon ? Je ne ris même pas.

    Les gens du Nord ont dans le cœur un bon gros nuage tout pourri...

    Et elle sera certainement élue.

     

    (bon, oui, ça n'est pas tout le monde, y'a pas que des fachos dans le Nord. Mais y'en a un bon paquet quand même)

    Et je ne dis pas qu'il ne faut pas être triste pour ce chien, c'est juste que je ne comprends pas qu'on puisse se réjouir de la mort d'un môme de 17 ans ... Je ne comprends pas.

    Je ne comprends pas.

    Je ne comprends pas.

    Je ne comprends pas.

    Deux poids deux mesure.

    (et j'en ai un peu ras-le-pompon d'avoir à justifier chacune de parole. Sans déconner !)

     

    Love sur vous !

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    Est-ce une bonne idée qu'il ait deux poids deux mesures ???

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  • Il n'est pas con, le benjamin.

    Il est malin, le benjamin.

    Il aime bien aller à l'école.

    Il aime bien son maitre.

    Il y a juste qu'il n'aime pas travailler ou pour être réellement juste, il n'y arrive pas (bon, je passe sur les problèmes liés à sa capacité d'attention, les problèmes, c'est relou)

    Il a parfois des punitions "je vais à l'école pour travailler"...

     

    Ce matin, j'ai demandé :

    - Mais tu fabriques quoi, à la place de bosser ??

    (parce que, pétard, 6 heures, c'est long quand même)

    - Ben... Je rêve à des choses merveilleuses.

     

    Il est malin, le benjamin.

     

    Je vais lui répondre quoi ?

    - Et ta mère ? Hein, Ta mère, elle rêve à des choses merveilleuses à la place de bosser ?

    Pas crédible ! Sa mère, justement, son boulot c'est de rêver à des choses merveilleuses (et aussi de faire des devis, des contrats et quelques trucs relous).

    (pour ceuss qui ne savent pas, je suis conteuse)

     

    Il est malin, le benjamin.

    Il sait bien que je ne vais pas lui dire :

    - Ho ! Dis donc, mon bonhomme, on n'a pas le droit de rêver à des choses merveilleuses.

    Parce que, aujourd'hui, encore plus que d'habitude, je demeure persuadée que les rêves de choses merveilleuses sont utiles.

    Rêver, ça fait avancer.

    Rêver, ça fait réfléchir.

    Rêver, c'est un rempart contre les cauchemars

    Rêver, c'est créer...

     

    Mais voilà, on ne peut pas rêver tout le temps.

    Il faut aussi additionner, conjuguer, tracer, écrire, copier...

    Faire des devis, des contrats.

     

    On ne rêve pas quand on veut. On rêve quand on peut.

    Et on se dit que c'est déjà pas mal.

    Parce qu'il faut bien.

     

    Et ce matin, justement, grâce à Valérie, j'écoute "rallumeur d'étoiles" d'HK et les Saltimbanques. Rallumer les étoiles !!! Hisser haut nos idéaux !

    Love sur vous !

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    (c'est une vieille photo du benjamin... le benjamin, le gamin qui est capable de trouver qu'un poireau peut-être magique !)

    Sinon, merci de m'épargner les com sur ls punitions, ça n'est pas le propos...

    Est-ce une bonne idée que le benjamin ne fiche rien à l'école ???

     

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  • Je leur avais promis.

    Oui, nous irions à la piscine.

    Je leur avais promis... il y a un an.

    Je n'avais pas dit quand, mais j'avais dit "oui... On va retourner à la piscine. Promis"

     

    Quand Ce Bébé était encore un être aquatique, au creux de moi, nous allions à la piscine quasi une fois par semaine.

    (bon, "creux" est assez galvaudé comme terme)

    Un temps hors du temps. Un temps dans l'eau.

    Un temps à les porter, à les recevoir, à nager avec eux accrochés à mon dos... Un temps.

     

    Et puis...

    Et puis...

     

    J'ai trouvé mille excuses pendant un an.

    Pas le moment.

    Pas le temps.

    Pas le courage.

    Pas épilée.

    Pas envie.

    Pas l'énergie.

    Pas possible.

    Papa pas là.

    Moi pas là.

    Pas. Pas. Pas. Pas. Pas.

     

    En réalité, ça n'est pas très grave. C'est juste la piscine. De l'eau qui mouille avec des microbes dedans.

     

    Sauf que c'est un temps hors du temps.

    Ce temps dans l'eau.

    Ce temps pour nous.

    Ce temps que je n'arrivais pas à prendre.

     

    Et puis mardi, j'ai réussi.

    Enfin.

    J'avais prévu le goûter.

    On en avait parlé le matin, avant l'école, que cette fois j'allais essayer pour de vrai.

    La petite benjamine, du coup, en a parlé toute la journée à sa maitresse.

    Le benjamin et la cadette sont sortis comme des flèches de l'école "on y va ???"

    On a laissé Ce Bébé un peu plus tard à la crèche.

    Et on y est allés. Pour de vrai.

    L'eau était bonne. Très bonne.

    Le maitre-nageur a dit "hey ! pour votre retour chez nous, on a fait une erreur technique... du coup, l'eau est à 32° !"

    (Pétard !!! Merci !!!)

    La Petite Benjamine a sauté toute seule. On s'est éclaboussé. On est allé chercher des anneaux, dans le fond. Dans le fond du petit bain, hein.

    Rien d'extraordinaire.

     

    De l'ordinaire.

    Mais à vrai dire, on court parfois tellement qu'on ne prend plus le temps de l'ordinaire.

     

    (et en vrai, le soir-là, ils ont été charmants. Vite couchés. Encore plus vite endormis)

     

    Love sur vous.

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    Est-ce une bonne idée de tenir (enfin) sa promesse ???

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  • Hier, vendredi 13 novembre, c'était la journée de la gentillesse.

    Quelle ironie.

    Hier, je ne suis pas rentrée tôt.

    Hier soir, j'avais froid.

    J'ai laissé le papa, l'aînée et la cadette devant "on n'est pas que des cobayes" sur france 5.

    J'ai pris mes cours de master et un bain. Enfin, je veux dire que j'ai lu mes cours dans un bain chaud.

    Petite bulle.

    Quand je suis sortie du bain, j'avais enfin chaud.

    Dans le salon, il n'y avait plus les enfants. Il n'y avait plus "on n'est plus que des cobayes".

    Il y avait BFM et le papa abasourdi.

    Ma petite bulle a éclaté et j'ai eu froid à nouveau.

     

    Hier, vendredi 13 novembre, c'était la journée de la gentillesse.

     

    Je n'ai voulu en voir pas plus. Pas hier soir.

    Ce matin, j'ai tout entendu. Le pire. L'horreur.

    Ce matin, j'allais travailler. Il fallait bien.

     

    Je fais des spectacles pour petits et grands aussi.

    J'ai trouvé ça bien futile, ce matin.

    Je jouais un spectacle qui s'appelle "tout petit abri".

    Il est tout neuf, ce spectacle. Il a encore besoin de respirer un peu.

    Ils ne changent pas la face du monde, mes spectacles. Ça n'est pas du grand art. Ce sont de toutes petites choses, sans prétention aucune.

     

    Ça n'était pas facile de jouer ce spectacle, ce matin.

    C'était une toute petite bibliothèque. Il n'y avait pas assez de chaises pour tout le monde. Alors, on s'est serré.

    C'était chaud.

     

    Et puis, j'ai commencé.

    Que c'était étrange d'être là. Un peu.

    Que le spectacle s'appelait "Tout petit Abri"

     

    On a éteint les lumières de tous les jours. On a mis les lumières du spectacle.

    "On a tous besoin d'un petit abri. Un peu abri, c'est une maison où dormir. C'est sûr.

    Un petit abri, c'est aussi une main dans laquelle glisser la sienne.

    Un petit abri, c'est un petit bout de cœur où loger ceux qu'on aime"

    C'est le début du spectacle. Ce matin, ça résonnait différemment des autres fois.

     

    Et puis, il y a des vagues faites en tissu. Sur les vagues, un bateau en papier.

    "Bateau sur l'eau, bateau sur l'eau,

    La rivière, la rivière..."

    Sur le bateau, je mets un marmot, avec un tee-shirt bleu et un short rouge.

    "Bateau sur l'eau, la rivière, la rivière..."

    Il cherche un abri.

    "Bateau sur l'eau, bateau sur l'eau..."

    Il cherche un abri.

    "La rivière a débordé et les enfants sont tombés.

    Plouf, dans l'eau"

    Il y a des chansons qui parfois prennent un sens auquel on ne s'attendait pas.

    Depuis le mois de septembre, "Bateau sur l'eau" a une drôle de résonance pour moi.

     

    Et le spectacle continue.

     

    A la fin, quand on a fini de jouer, de faire valser l'accordéon, je pose tout.

    Aujourd'hui, j'ai dit que venir jouer ce matin me semblait bien futile.

    Mais que finalement, c'était bien qu'on soit tous ensemble dans cette petite bibliothèque. Que ça n'était pas grand chose... Mais que c'était peut-être beaucoup.

    Et que chacun devait penser à être un abri, plus que de penser à se mettre à l'abri.

    Peut-être, mon boulot n'est pas que futile ou que justement, c'est sa futilité que le rend si furieusement utile. Un spectacle sans spectateurs n'est rien. Je demeure convaincue que c'est ensemble qu'on fait les spectacles.

     

    Et puis, il y a eu cette maman qui est venue me voir à la fin du spectacle. Pour me dire merci. Pour me dire qu'il fallait continuer. Elle pleurait cette maman. Parce que aujourd'hui est le lendemain d'hier. Qu'on a tous le cœur au bord des lèvres.

    (merci, merci, vraiment merci à vous qui êtes venue me voir à la fin...)

     

     

    Depuis hier soir, j'ai peur. Pas tant des terroristes que de ce que ça va devenir, des pensées abjectes que les bas du front vont en profiter pour diffuser qu'ils vont encore tout mélanger "daeshmigrantsromimmigrés". Et je l'avoue, contre la bêtise crasse et la haine, la mauvaise volonté, l'inhumanité, je ne peux pas faire grand chose.

     

    Love sur vous...

    Les coeurs de la photos sont des éléments de décor de mon spectacle.

     

    Je suis aussi sur FB.

    Est-ce une bonne idée de vivre le samedi 14 novembre 2015 ????

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